Gratia, Charles Louis

Charles Louis Gratia en 1893
© Benjamin Sur / Musées d’Angers

Charles Louis Gratia est né à Rambervillers le 9 novembre 1815. Il intègre l’atelier du peintre Henri Decaisne (1799-1852) en 1824 où il apprend la peinture à l’huile et le pastel. Il suit aussi l’enseignement d’Alexandre-Gabriel Decamps (1803-1860).

Il expose au salon de Paris à partir de 1837. Il y est récompensé en 1844 par une médaille de troisième classe, puis en 1846 par une médaille de deuxième classe.

Il s’installe à Londres suite à la révolution de 1848. Pour sortir du lot, il abandonne la peinture à l’huile et se spécialise dans le pastel qui est peu pratiqué en Angleterre. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il broie des poudres de pigments chez le fabricant de couleurs Neuman et finit par ouvrir un atelier où il réalise plusieurs portraits pour la noblesse anglaise. Il continue de participer au salon de Paris où il expose hors-concours en 1861.

Il retourne en France en 1864 et s’installe à Lunéville en 1866. Il gagne sa vie en y donnant des cours artistiques ainsi qu’à Nancy.

En 1869, il remporte une médaille lors de l’exposition des Amis des Arts de Nancy à l’Académie Stanislas ainsi qu’une médaille d’honneur lors d’une seconde exposition en 1870. Il quitte Lunéville pour Nancy en 1888.

En 1891, Gratia publie son Traité de la peinture au pastel. Écrit pendant son séjour à Londres, il ne l’a pas l’imprimé avant, faute de moyens.

Une exposition organisée en octobre 1891 par plusieurs artistes lorrains entraîne la création l’année suivante de l’Association des artistes lorrains dont Gratia devient le président. Sa situation financière s’améliore légèrement, mais il tombe malade et se sent persécuté. Selon Recouvreur, une mauvaise plaisanterie de jeunes artistes aggrave la situation.

En décembre 1892, un débat éclate dans la presse sur la qualité des restauration de certaines peintures conservées au musée de Nancy. Les peintres Émile Friant (1863-1932) et Jules Larcher (1849-1920), qui est le directeur de l’école des Beaux-Arts et du musée, sont particulièrement visés dans La Revue des Beaux-Arts. Gratia et son épouse sont accusés d’informer les détracteurs du musée.

En 1893, Gratia démissionne de la présidence de l’Association des artistes lorrains et s’installe à Rouen. Mais les commandes sont rares et les économies du couple fondent en quinze mois. Recouvreur et Gratia sont restés en contact.

En 1895, il réalise les portraits au fusain du couple Recouvreur qu’il expose au salon de Nancy. Recouvreur qui a observé les techniques de Gratia lors de la réalisation de son portrait se réclame de son enseignement lors de sa propre participation à ce salon.

Il fait à son tour un portrait de Gratia dans un dessin reproduit dans La Lorraine artiste du 15 décembre 1895.

Gratia s’installe ensuite à Paris où son épouse achète un bureau de placement en 1899.

Adrien publie sa biographie dans la Revue Lorraine Illustrée en 1908. La même année, le couple Gratia est admis à la maison de retraite des artistes français qui vient de s’ouvrir à Montlignon.

Celui qu’on surnomme le doyen des peintres français meurt à 96 ans dans la pauvreté et un relatif anonymat le 11 août 1911. Adrien rédige sa nécrologie dans le Bulletin des Sociétés artistiques de l’Est de septembre 1911.

La Revue des Beaux-Arts ouvre une souscription en 1913 pour élever un monument à Gratia, parmi les premiers donateurs on retrouve Adrien Recouvreur.